On est en train de transférer Trump à un hôpital militaire pour qu’il reçoive des soins. Il a dû reporter ses activités de campagne. Certains opposants exultent.
Avec un air de #schadenfreude (mot devenu viral dans les recherches Google depuis l’annonce de l’infection de Trump au coronavirus), certains se réjouissent que Trump soit (peut-être) enfin obligé de se regarder dans le miroir après toutes les paroles incendiaires et irresponsables qu’il avait proférées pour minimiser la gravité de la pandémie, qui a tout de même fait plus 200 000 morts rien qu’aux États-Unis. Pour eux, Trump a du sang sur la main. Il ne mérite pas notre pitié.
D’autres personnes, qui ne sont pas nécessairement des partisans de Trump, estiment que ce n’est pas le moment pour cela, qu’il ne faut pas rire du malheur des autres, que la schadenfreude est malsaine. Certains internautes annoncent même mettre leur militance sur pause pour garder le Président Trump dans leurs prières.
La morale chrétienne, qui est encore très présente même dans nos sociétés désécularisées, est charmante. Sa magnanimité sélective ne cessera de nous surprendre.
Quoi! Il faut se prendre de sympathie pour Trump...pour garder nos chances de sauver notre âme? Quoi! Il faut avoir honte de ne ressentir aucune empathie, aucune sympathie et aucune con-pathie pour Trump après tout ce qu’il a fait, après tout ce qu’il a dit?
Je suis pourtant de ceux qui souhaitent qu’il survive à la COVID (même s’il coche oui à plusieurs critères de risque accru, notamment au regard de son indice de masse corporelle). De toute façon, il est peu probable que Trump gagne les élections si on croit les sondages et les méta-sondages.
De fait, je souhaiterais la même chose à tout le monde. À part au cinéma, je ne puis me résoudre à souhaiter la mort d’autrui. C'est une ligne que je ne peux pas franchir. Je respecte aussi le droit de tout le monde de prier et d’exercer une confession dans les limites prévues par la loi (quand celle-ci est juste).
Ce qui m’attriste, ce n’est pas le fait que certains prient (c’est leur droit). C’est plutôt quand ils vont jusqu’à tenter de policer d’autres personnes et leur imposer comment ils devraient se sentir ou se comporter face à la nouvelle.
Pourquoi on ne pourrait pas se réjouir du malheur d’autrui dans certaines circonstances? Pourquoi ne pas rendre le mal pour le mal (d’autant plus si on ne passe à l’acte, ce qui dans certains cas pourrait être illégal)?
L’aversion pour l’iniquité et la propension aux représailles sont deux comportements et attitudes typiques de notre espèce. L’idée de rendre un bien pour un mal est forcée et fondamentalement injuste, à moins bien sûr d’espérer la vie éternelle en retour (espoir que tout le monde ne partage pas malheureusement).
Si quelqu’un vous frappe à la joue droite, tendez la joue gauche et il risque de vous frapper une deuxième fois. Alors pourquoi ne pas pousser la générosité jusqu’à lui tendre à nouveau la joue droite toute endolorie? Je propose même de répéter le processus, en boucle, jusqu’à épuisement. Voilà un exercice qui devrait occuper quelques temps les moralisateurs.
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