Lost (2004-2010) est une série à regarder. Surtout les trois premières saisons (après on se perd). Le développement des personnages est tout simplement magnifique. Les personnages ont de l'épaisseur. Un bon jeu d'acteurs au service d'une écriture de qualité et des dialogues bien travaillés. Un profond mystère à explorer. Des réalisateurs compétents. Et de temps en temps, une scène unique guidée par une musique qui continue de rouler en boucle dans notre esprit. Même après.
C'est ce qui m'est arrivé avec la "chanson de Desmond". Elle accompagne ici la scène inoubliable où l'on présente la routine de Desmond, un personnage important de la série, interprété par l'acteur Henry Ian Cusick. Le type, après avoir échoué sur une île mystérieuse, doit appuyer chaque 108 minutes sur un bouton...pour sauver le monde.
On lui a fait croire que s'il arrête d'appuyer sur le bouton, cela provoquera une catastrophe majeure. Il ne peut pas le vérifier. Il ne veut pas non plus prendre le risque de le vérifier. Il passe donc plusieurs années, seul dans un bunker, à appuyer régulièrement sur le bouton. Pour nous sauver. Pourtant, il n'a aucune garantie que ça marche. De plus, il est impatient de revoir la femme qu'il aime et qui l'aime. Quel sens de l'abnégation!
Je trouve que cela soulève dans un même mouvement la question de la foi en religion, de la falsifiabilité en science et de l'absurde en philosophie.
Quoi qu'il en soit, une fois ou deux par année, je repense à cette scène. Et je me dis qu'il faut continuer. Simplement parce qu'il le faut. Mon monde (certainement pas le monde) pourrait s'écrouler si je m'arrêtais. Je ne veux pas prendre le risque de vérifier. Un peu comme Desmond, je continue d'appuyer sur le bouton de la vie. Parce que:
Nobody can tell ya
There's only one song worth singing
They may try and sell ya
'Cause it hangs them up to see someone like you
Refrain :
But you've gotta make your own kind of music
Sing your own special song
Make your own kind of music
Even if nobody else sings along
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